L’inventivité de ceux qui créent des mesures anti-exilés ne connaît pas de limite et nous en avons eu une nouvelle démonstration avec l’arrêté du 10 septembre 2020 d’interdiction de distribution de nourriture dans le centre-ville de Calais.
Après avoir déposé une benne devant le secours catholique pour empêcher aux exilés de prendre une douche, refusé de mettre à disposition des points d’eau même lorsque le tribunal administratif a condamné la mairie à s’exécuter, ou refusé la mise à disposition de bennes pour qu’associations et exilés puissent tout simplement jeter leurs déchets (voir mon intervention au conseil municipal), Natacha Bouchart va toujours plus loin dans l’inhumanité en ayant réclamé auprès du ministre de l’intérieur Gérald Darmanin un arrêté qui interdit dans des rues de Calais la distribution de nourriture, aussi bien aux exilés qu’aux sans-abris.
Face à cette ignoble mesure que l’extrême droite ne renierait pas, il fallait agir. J’ai donc invité le 25 septembre quatre député·es et eurodéputé·es de la France insoumise à venir désobéir symboliquement à cet arrêté afin de concrétiser cette honteuse vérité dans le pays des droits de l’homme: « on verbalise qui donne du pain à ceux qui ont faim ».
Ceci cadre en fait parfaitement avec la politique du pourrissement menée depuis des années à Calais et dans d’autres villes. Tout est fait pour pourrir la vie des exilés, associatifs et militants, et tenter de les décourager, à l’image de ces absurdes démantèlements quasi quotidiens qui ne font que déplacer une population de plus en plus nombreuse d’un bout à l’autre de Calais. C’est le fameux mythe de « l’appel d’air »: on prétend qu’en usant de ces méthodes, un message sera envoyé pour dissuader d’autres de venir. Il est bien évidemment complètement stupide de penser que des être humains qui parcourent des milliers de kilomètre en tongue, traversent des mers à 20 sur un canot et subissent violences et humiliations, vont être dissuadés de venir par le manque de douches ou les lacérations de tentes à Calais. Tant que Calais sera la plus proche porte d’entrée vers le Royaume-uni, tant que celui-ci restera un eldorado pour eux, et tant que rien ne sera fait pour que ces gens se sentent bien chez eux, alors des exilés viendront quoi qu’ils leur en coûte.
Heureusement il y a un espoir… Il est dans le cœur brûlant de solidarité des associatifs qui œuvrent chaque jour quelque soient les conditions, il est dans la générosité de celles et ceux qui permettent à ces associations de mener leur tâche sans aucune subvention, il est dans la fougue des militants qui tambour battant mènent le combat contre l’obscurité.
Nous ne lâcherons jamais !
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